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-Éric Le Brun-



C’est une nuit comme une autre, le 1er avril 1944. On est plutôt réjoui que se profile la fin de la guerre. Dans notre village, on s’entend à bonne distance avec les soldats d’occupation. À 22.44 retentit l’explosion sur la voie ferrée. C’est à l’aiguillage. La locomotive d’un convoi de la 12ème division SS s’arrête bloquée. D’abord le silence, puis ça crie dans tous les sens. On n’y comprend rien, c’est au moment de la sortie du cinéma. Le film c'est « L’ange de la nuit ». Les hommes sont arrachés des femmes qui luttent pour les retenir, d’autres sont tirés de leur lit, les portes sont enfoncées. Des ordres sauvages, les ivres adolescents tuent. Et les plaintes effrayées se perdent le long du train.
Le matin du 2 avril 1944, à Ascq près de Lille, on relèvera 86 morts civils, âgés de 15 à 75 ans.