En Allemagne, au cœur de la Forêt Noire, à Furtwangen plus précisément, il y a une colline où sourdent les eaux d’un ruisseau. C’est ici que le Danube prend sa source.
Plus haut en remontant la colline, un pré humide. L’eau brille sur les herbes hautes. Une petite maison inhabitée, et là un tuyau dressé, à son extrémité un robinet. J’ai lu quelque part que personne n’avait jamais réussi à fermer ce robinet. Serait-ce là, la source originelle du Danube ?
En août 2014, j'ai longé le Danube — de sa source en Allemagne, jusqu'à son delta en Roumanie. La diversité des pays européens traversés par le fleuve, m’a permis de prendre le pouls d'une Europe centrale en quête d'identité et de m’approcher de ce qu'elle est aujourd'hui.
Tout au long de ce voyage, des questions reviennent. Et si quelqu’un fermait ce robinet ? Qu’adviendrait-il des villes de Ratisbonne, de Vienne ou même de Budapest ? Qu’en serait-il des pays danubiens ? Quels paysages, quelles scènes verrais-je alors ? Quelle Europe découvrirais-je ? Y’aurait-il une Europe sans Danube ?
Le concept d’Europe centrale m’interroge. Comme la légende du robinet de Furtwangen, l’Europe produit un flot ininterrompu d’identités et de territoires. Profondément liée au cours du Danube, elle est aussi multiple que les paysages qui le bordent. Ses rives souvent synonymes d’un entre-deux, d’un espace frontalier, ont imposé aux riverains leurs nationalités : allemandes ou autrichiennes, serbes ou croates ou encore roumaines.
Ici c’est la Croatie et là c’est la Slovaquie.
J’ai longé le Danube pendant plusieurs semaines. Dormi sur ses rives et chez ses riverains, sillonné ses routes, franchi ses ponts et traversé ses pays. 6537 kilomètres. Tant de kilomètres pour trouver le Danube et l’Europe qu’il abreuve. Cerner les contours d’une Europe médiane. Suivre le Danube pour constater qu’au final, seules les questions comptent.
