Jour 55
10 mai 2020Exposition « Non Conforme » et lancement du journal « L’écho des sans-voix » à l’église Sainte-Marie-Madeleine
19 septembre 2024Nous venons de vivre 55 jours de confinement, 55 jours loin du visage des parents, des amis, des anonymes du quotidien. Nous avons ressenti le naufrage de nos certitudes, avons soudain contracté le syndrome des assiégés, enfermés entre nos murs et les écrans d’information.
L’expérience était inouïe pour un peuple entier prenant soudain les dimensions de la planète. C’était comme si la lumière s’était décalée, frisant ce qui restait visible dehors, dans les rues, d'habitude enfoui.
Durant cette parenthèse étrange, cette drôle de guerre passive, les photographes de Light Motiv ont construit collectivement un journal de bord, une image apparaissant chaque soir sur la page d’accueil du site, montrant l’inédit d’un moment nous plaçant sous sa dépendance.
S’est ainsi inventé au fil des jours un kaléidoscope de signes, de gestes, de scènes émouvantes, effrayantes, drôles, intimes, décalées.
Des sujets sont apparus que l’on traitait peu : la fracture numérique, la précarité étudiante, l’énergie dans les quartiers populaires, la force considérable des soignants…
Voici en 55 photographies le récit alternatif d’une période de basculements, de doutes, de solidarités retrouvées.
Des chantiers à l’arrêt, des rues figées, des visages inquiets, des ciels purifiés, des maîtres masqués et des chiens promenés, des écoles vidées, des goûters d’anniversaire sans copains, des réfugiés encore plus isolés, des circuits courts privilégiés, des applaudissements variés, des tricots et des devoirs, des protocoles et des no man’s land, des procédures et des pronostics, du désespoir et du courage, des visières et des gendarmes, des anges blancs et des anges noirs…
Et l’ensauvagement furtif du monde dans la beauté d’un renard égaré en plein cœur de Bruxelles.
Fabien Ribéry – 16 mai 2020 – Auteur, créateur du blog L’Intervalle -
Jour 1
Premier jour de confinement. La ville de Lille est désertée par ses habitants dans le centre.
© Eric Le Brun / Light Motiv
Jour 2
Supermarché à Roubaix. Un client masqué tient ses provisions au milieu du rayon frais.© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 3
Le confinement est diversement interprété suivant les lieux. De nombreux chantiers s’arrêtent sur la métropole lilloise pour protéger les salariés du bâtiment. Ici le chantier de la Lainière, vaste opération urbaine sur le site de l’ancienne usine textile la Lainière à Roubaix est stoppé sine die.©Eric Le Brun/ Light Motiv
Jour 4
L'Etablissement Français du Sang continue de recevoir des dons avec toutes les précautions nécessaires. A Lille la fréquentation a triplé depuis le début de la pandémie. Khedidja donne régulièrement son sang, elle a tenu à y aller pendant le confinement pour soutenir les malades.© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 5
Pendant le confinement, Abdel Suleyman, réfugié soudanais s'est installé avec toutes ses affaires près de la gare Lille-Europe, sans aucune solution d'hébergement.© Eric Le Brun / Light Motiv
Jour 6
Le marché de l'Epeule de Roubaix est maintenu pour l'alimentaire. Les mesures de précaution sont imposées par les vendeurs. Les clients beaucoup plus rares que d'habitude ne peuvent pas toucher les marchandises. Ici ce couple de volaillers a installé une barrière anti postillons en cellophane...©Anouk Desury/Light Motiv
Jour 7
09h du matin. A hauteur de Péronne sur l'A1 , l'autoroute la plus fréquentée d'Europe parait déserte à une heure de grande circulation habituelle.© Ludovic Leleu / Light Motiv
Jour 8
Dans une rue de Roubaix, à travers la fente d'une boîte aux lettres on devine le regard curieux de la petite Jenna, confinée.
©Anouk Desury / Light Motiv.
Jour 9
En Belgique comme en France, les mêmes règles de confinement s'appliquent désormais. Le chien n'a jamais été autant le meilleur ami de l'homme. Ici à Bruxelles, dans le quartier de St Gilles, Martin profite de l'heure de la promenade de ses deux chiens pour sortir autour de chez lui.© Charles Delcourt / Light Motiv
Jour 10
Depuis le 16 mars, toutes les écoles de France sont fermées. Ici à Lomme, dans la banlieue de Lille comme ailleurs les enfants font désormais l'école à la maison.©Eric Le Brun/ Light Motiv
Jour 11
Comme 870 000 enseignants du primaire et du secondaire, Nawal, professeur d'histoire-géographie et de français en lycée, prépare les cours qu'elle va envoyer à ses élèves.©Anouk Desury / Light Motiv
Jour 12
Ludovic est exploitant depuis 12 ans d'une ferme laitière de 45 vaches et 33 hectares de champs. Ses vaches, elles, sortent du confinement hivernal. Il peut compter sur ses enfants Jules et Capucine pour l'aider dans les taches quotidiennes de l'exploitation.©Thierry Thorel / Light Motiv
Jour 13
Aujourd'hui Adèle fête son anniversaire, ses 3 ans. Une journée un peu spéciale. Le confinement décrété il y a treize jours, donne à cette journée de fête une ambiance toute particulière. Pas de copains, de grands parents ou d'oncle et tata pour aider Adèle à souffler ses bougies.© Aurélien Delafond / Light Motiv
Jour 14
Sur la friche Saint-Sauveur à Lille, s'est installé en urgence un campement pour les migrants en transit. L'association Utopia en charge du camp, veille au respect des mesures barrières d'hygiène. © Eric Le Brun / Light Motiv© Eric Le Brun / Light Motiv
Jour 15
Face à la pénurie de masques, de nombreuses entreprises textiles se reconvertissent. L'Atelier Morphée est un exemple à Tourcoing. Spécialisé en confection de matelas, son directeur a basculé la production pour répondre à l’urgence.©Thierry Thorel / Light Motiv
Jour 16
Premier jour d’avril, La Ruche qui dit oui, alternative à la distribution traditionnelle, a investi une cour d’école à Lomme pour respecter les distances de sécurité entre les personnes, clients et producteurs. Depuis deux semaines, les circuits courts sont de plus en plus recherchés, et doivent faire face à une forte augmentation des commandes.©Eric Le Brun / Light Motiv
Jour 17
Observer le monde depuis sa fenêtre.© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 18
Il est 20h, rue Georges Clemenceau à la Madeleine. Et comme partout en France, en Italie, en Espagne… des citoyens applaudissent à leurs fenêtres par solidarité avec les personnels soignants et tous les travailleurs exposés à l'heure actuelle.© Aurélien Delafond / Light Motiv
Jour 19
De santé fragile, Sandrine est confinée avec trois de ses enfants dans un petit appartement. Par précaution, elle ne sort que pour les rendez-vous médicaux. Une de ses craintes: manquer de pelotes de laine. ©Anouk Desury / Light Motiv©Anouk Desury / Light Motiv
Jour 20
Fariza et Rabbah sont confinés avec leurs trois enfants dans un appartement. Le cadet, Rayan, est en CP. La continuité pédagogique est compliquée pour la famille : pas d'ordinateur, pas d'internet, pas d'imprimante...©Anouk Desury /Light Motiv
Jour 21
Amiens, troisième semaine de confinement. A l'heure habituelle du départ au travail, les rues sont toujours désertes au petit matin.©Ludovic Leleu / Light Motiv
Jour 22
Deux familles se retrouvent par hasard sur le Champ-de-Mars à Lille. Garance et Suzanne fréquentent la même école. La distance sociale est étrangement figurée par la poutre , comme une frontière à ne pas franchir.© Eric Le Brun / Light Motiv
Jour 23
A Bruxelles, le port du masque commence à faire partie de la vie courante, y compris dans les actes les plus quotidiens, comme sortir ses poubelles en bas de l'immeuble.© Charles Delcourt / Light Motiv
Jour 24
Là où en temps normal, la blanchisserie du Centre Hospitalier de Roubaix traite un ou deux sacs de linge contaminé par semaine, c'est désormais des centaines de sacs qui arrivent chaque jour.© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 25
Les sapeurs-pompiers sont en première ligne contre l'épidémie. Pour chaque intervention, un protocole systématique doit être respecté, ici Morgan, jeune pompier professionnel de Denain s'équipe de la nouvelle tenue réglementaire.© Quentin Pruvost / Light Motiv
Jour 26
Secteur Covid 19, Centre Hospitalier de Roubaix. Tout le personnel soignant affecté aux patients atteints du virus est vêtu en tenue verte reconnaissable. Dans cette chambre de réanimation, l'infirmière anesthésiste au premier plan vient d'être mobilisée pour renforcer l'équipe.© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 27
Pour conserver le contact avec les fidèles, le diocèse de Lille innove pour la célébration de Pâques 2020. La messe est filmée par smartphone dans la cathédrale Notre-Dame de la Treille et retransmise en direct sur les réseaux sociaux.© Eric Le Brun / Light Motiv
Jour 28
No man's land. Stella-Plage, station balnéaire de la côte d'Opale, est d'habitude prise d'assaut pendant les vacances aux premiers jours de soleil.© Ludovic Leleu / Light Motiv
Jour 29
Amiens, quartier st-Leu, tôt le matin. La statue, sculptée par Stephan Balkenhol, semble mesurer la distance et le temps qu'il reste à parcourir avant la sortie du confinement, envisagée désormais pour le 11 mai .
© Ludovic Leleu / Light Motiv
Jour 30
Au CHU de Lille, l'hôpital Calmette a été transformé en unité COVID. Le bon fonctionnement des services dépend directement de personnes qui travaillent dans l'ombre comme Aïssatou qui nettoie et prépare ici une chambre pour les médecins de garde.© Thierry Thorel / Light Motiv
Jour 31
Hospitalisée depuis 3 semaines au CHU de Lille pour le Covid 19, Sylvie sort cet après-midi. Juste avant son départ elle fait une séance de kinésithérapie respiratoire. Comme elle habite au 3éme étage, monter les escaliers va être une épreuve difficile.© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 32
Justine, 22 ans, est étudiante infirmière. Elle a commencé à être essoufflée et avoir mal aux articulations. Admise en observation au CHU de Lille elle attend les résultats du test Covid. Cela n'a pas du tout entamé sa motivation à devenir infirmière.© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 33
Pendant ce temps-là, à Strasbourg, une des villes les plus touchées par l'épidémie, un frère et une soeur jouent ensemble au ballon dans la cour commune de l'immeuble. Ce lieu partagé, à portée de regard des parents, est devenu une échappatoire au confinement strict en appartement.© Klara Beck / Light Motiv
Jour 34
Pendant la durée de la crise, Florent Ladeyn et Kevin Rolland proposent devant leur restaurant le Bierbuik, dans le Vieux-Lille, la vente de paniers issus des récoltes de leurs fournisseurs habituels (maraîchers, apiculteur, meunier, brasseur...). Cette initiative permet à leurs partenaires locaux de maintenir un débouché pour leur production agricole.© Renaud Wailliez / Light Motiv
Jour 35
La maison d'Adèle est comme le jardin d'Alice. Elle imagine ce qu'il se passe derrière la vitre... Qui habite là dans la maison et qui les regarde ?© Aurélien Delafond / Light Motiv
Jour 36
Les mesures de protections se sont renforcées dans la plupart des commerces au cours des dernières semaines. En retrait dans sa guérite improvisée en plexiglas , Cindy, employée chez Picard à Amiens, accueille les clients à la caisse.© Ludovic Leleu / Light Motiv
Jour 37
À Lille, comme partout en France, Vigipirate continue de patrouiller dans une ville désertée. Tel un timbre sur une carte postale, Willy Brandt, prix Nobel de la paix, semble regarder la scène en riant de son apparente absurdité.© Aurélien Delafond / Light Motiv
Jour 38
"Tu sais, je n'ai jamais été aussi heureux que ce matin-là. Nous marchions sur une plage un peu comme celle-ci... " La police se lance en duo aux trousses d'un hors-la-loi du confinement, minuscule point noir repéré sur l'horizon.© Ludovic Leleu / Light Motiv
Jour 39
La maladie ne se repose pas la nuit. Au CHU de Lille, une infirmière et une aide soignante de garde, Perette et Megane, agissent avec un sang-froid impressionnant auprès d'un patient gravement atteint par le virus.
© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 40
Au CHU de Lille, pendant toute la durée de l'hospitalisation liée au COVID-19, le patient ne peut recevoir aucune visite de ses proches. Dans le contexte si particulier de cette épidémie, l'infirmière devient souvent le principal soutien du malade démuni de toute présence familiale.
© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 41
Le lever du jour sur l'hôpital Calmette à Lille, sonne la fin du service pour Mégane, aide-soignante au sein de l'unité COVID.
© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 42
Sur le campus de la Cité Scientifique à Villeneuve d'Ascq, Ferlain, d'origine congolaise, est contraint de rester en chambre universitaire comme beaucoup d'autres étudiants étrangers qui n'ont pas la possibilité de retourner dans leur famille. Il vit néanmoins cette période avec philosophie© . © Eric Le Brun / Light Motiv
Jour 43
Florian, coach sportif, a mis en place des cours de fitness pour tout son voisinage. Les gens descendent pour participer ou répètent les mouvements depuis leur balcon. Cet entr'acte dans la journée est très apprécié, c'est un moyen de tromper l'isolement par de nouvelles rencontres.© Thierry Thorel / Light Motiv
Jour 44
Comme tous les soirs, Joséphine a rendez-vous sur son balcon. C'est l'heure où les voisins s'accordent pour jouer et chanter ensemble. Après les applaudissements pour le personnel soignant, le concert commence: Avec son frère à l'accordéon, Joséphine entame "Imagine" de John Lennon...© Klara Beck / Light Motiv
Jour 45
Chaque libraire indépendant.e s'interroge sur la poursuite et la relance de son activité après le confinement. Comment accueillir et protéger les clients dans un espace où toucher les livres, flâner et échanger est au coeur du métier? Pour le moment, Hélène, libraire à Lille a choisi de proposer un service de retrait des commandes sur rendez-vous. La présence et le soutien manifeste des lecteurs la rassurent quant à l'avenir de sa librairie.© © Eric le Brun / Light Motiv
Jour 46
" Le 1er Mai, on lâche rien, le 2 Mai on continue ". A Arras, dans son appartement, François et l'équipe de Colères du présent, inventent l'évènement numérique "le Monde d'après" en remplacement du Salon du Livre d’expression populaire et de critique sociale. Comme un revival de radio pirate, les débats en direct, les créations d'artistes, les lectures d'écrivains s'enchaînent pendant deux jours et explorent de nouvelles pistes entre utopie et réalité.© Eric Le Brun / Light Motiv
Jour 47
2020, l’Odyssée de l’espèce... Dans le dédale du confinement apparaissent les images de notre mémoire collective. Équipée face au Covid, Emilie, manipulatrice radio au CHU de Lille semble une cosmonaute échappée du film visionnaire de Stanley Kubrick.©Thierry Thorel /Light Motiv
Jour 48
Vincent, jeune agriculteur dans un petit village de l’Avesnois, vit le confinement à l’air libre dans ses champs pour conduire les récoltes. Il s'interroge en cette période de crise sur l'avenir de sa profession. Quel virage prendre entre les enjeux de consommation locale et le système mondialisé d'approvisionnement ?
© Quentin Pruvost / Light Motiv
Jour 49
La crise sanitaire se transforme en difficultés alimentaires chez les plus pauvres. Des initiatives solidaires tentent d'y répondre. Pour apporter son soutien à l'action portée par l'association Lumières de l'Inde, le restaurateur Gilberto D'Annunzio a décidé de contribuer avec l'aide de ses fournisseurs, à la distribution de sacs de nourriture destinés au campement rom de la Chaude Rivière, proche du périphérique lillois.© Renaud Wailliez / Light Motiv
Jour 50
Aux Trois-Ponts à Roubaix, quartier souvent stigmatisé, un groupe de jeunes a décidé de prendre en main la collecte alimentaire pour distribuer les dons aux plus démunis. Durant ce porte-à-porte, l'entraide des habitants s'est manifestée de façon exceptionnelle, confortant ces jeunes dans la pertinence de leur initiative citoyenne.© Anouk Desury / Light Motiv
Jour 51
"Ou bien, il arrive qu'un animal, muet, lève les yeux nous pénétrant de son calme regard" - En ville, l'activité humaine a brusquement ralenti, laissant la place à de nouveaux visiteurs inattendus. Ici à Bruxelles, sur un trottoir du quartier St-Gilles, un renard peu craintif prend la pose devant l'objectif du photographe.© Charles Delcourt / Light Motiv
Jour 52
D'habitude, chaque cheval confiné en box a besoin d'au moins une heure d'exercice physique par jour. Cela fait presque deux mois que les centres équestres sont fermés au public. Durant cette période stressante pour les chevaux, il faut néanmoins veiller à leur équilibre. Le rôle du palefrenier, seul contact humain de la journée, devient alors essentiel, comme ici Adrien et Upsala à Marcq-en-Baroeul.© Lucas Dumortier / Light Motiv
Jour 53
C'est l'heure du grand nettoyage de printemps dans les écoles qui s'apprêtent à réouvrir. Toutes les surfaces sont méticuleusement désinfectées, du tableau noir à la rampe d'escalier en passant par toutes les poignées de portes. À partir de lundi il faudra recommencer chaque jour...©Ludovic Leleu / Light Motiv
Jour 54
Béatrice dispose d'un studio libre au-dessus de son logement. Face à la recrudescence des violences conjugales durant le confinement, elle a choisi de prêter cet espace à l'association SOLFA qui met à l'abri les femmes victimes en quête d'un refuge.© Anouk Desury / Light Motiv .
Jour 55
La fenêtre est ouverte. Pour l'envol, il faudra juste attendre le passage du vent... Les lunettes de plongée sont ajustées, le casque est une bombe en carton, les ailes font bouclier, le Petit Prince a prêté son foulard. Tout est paré pour revenir au monde…© Marie-Clémence David / Light Motiv